Nous faisons partie de la grande comédie humaine. Nous y avons à jouer un rôle déterminé. Ce rôle a été fixé par nos états antérieurs. Mais, si nous ne pouvons changer ce rôle, nous pouvons et nous devons perfectionner notre jeu, faire tout notre possible pour que la pièce jouée soit la plus belle possible, nous dévouer à son succès, même si le rôle qui nous a été donné est sans joie et sans gloire.
Ce rôle, nous devons l’accepter librement et avec joie. On ne remplit bien un rôle que si on le joue volontairement. On le remplit mieux encore si on crée ses moyens d’émotion.
Nous devons jouer sans cesse ce rôle. C’est pourquoi nous ne devons pas imaginer qu’une seule pensée va nous transformer instantanément ; qu’une baguette féerique va faire en nous ce miracle ; qu’une seule représentation mentale fera jaillir de nous la force dont nous avons besoin.
Dans notre esprit, le tourbillon est si violent des formes et des pensées que, pour créer un état d’âme, pour installer à demeure une pensée vraiment utile, il faut une répétition continue et suivie des mêmes vouloirs, des mêmes pensées. Nous devons donc persévérer dans notre évocation mentale, la continuer, la multiplier, jusqu’à ce que nous soyons devenus tels que nous voulons devenir.
Épictète a donné une forme saisissante à ce précepte :
« Toutes habitudes, dit-il, tout talent, se forment et se fortifient par les actions qui leur sont analogues. Marchez pour être marcheur ; courez, pour être coureur. Voulez-vous savoir lire ? Lisez. Savoir écrire ? Écrivez. Restez couché 10 jours, puis essayez de faire une longue route, et vous verrez comme vos jambes seront fortes ! Une fois pour toutes, si vous voulez prendre l’habitude d’une chose, faites-là. »
Maîtriser vos pensées
Quand vous aurez suivi cet entraînement, quand vous aurez créé en vous cette habitude, la maîtrise de vos pensées sera automatique, vous l’obtiendrez comme un simple réflexe.
C’est ce que le Docteur Marcel Viard exprime ainsi dans son Art de penser :« Comme tous les phénomènes naturels, nos pensées se forment quasi automatiquement. Mais il faut que l’esprit se rende compte de ce fonctionnement, qui est le fonctionnement normal. Pour arriver à ce résultat, il est indispensable de faire observer à l’esprit une discipline très sévère. Les pensées apparaîtront alors dans un ordre déterminé, selon leur mode naturel ou suivant notre volonté.
Et, lorsque, par un travail opiniâtre, nous serons arrivés à les contrôler, à les obliger à apparaître et à se succéder à leur tour, par une concentration énergique, nous les aurons disciplinées et nous retirerons de ce fait les plus grandes jouissances intellectuelles. »On le voit, rien n’est moins passif que cette méthode.
Elle oblige l’esprit à agir constamment sur lui-même, à ordonner la production et l’agencement des pensées. Elle en entretient le flot et lui bâtit de digues charmantes et fleuries si vous voulez y apporter une formule poétique, mais qui n’en contiennent pas moins et dirigent ces pensées dont vous avez acquis la domination.
Cette action ne va pas sans effort parfois méritoire.
Il est incontestable qu’on doit maîtriser nos pensées mais cet exercice n’est pas facile à réaliser. On a besoin d’être très courageux pour arriver à cette gloire.
Bon courage à tous!